CHIVALLON Christine (Martinique), Directrice de Recherche 1ère classe CNRS

Christine Chivallon est géographe et anthropologue. Elle a intégré le Centre National de la Recherche Scientifique en 1993 dans la section « Espace et sociétés ». Directrice de recherche depuis 2007, elle est titulaire d’une Habilitation à diriger des recherches (HDR) en anthropologie décernée par l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS, 2012). Elle a été promue au grade de Directrice de recherche 1ère classe en 2014. Elle a reçu la médaille de bronze du CNRS en 2000.

À travers ses recherches, Christine Chivallon associe les questions de cultures, mémoires et matérialité et s’intéresse au pouvoir des médiations matérielles dans les représentations sociales et les processus de domination qu’elles génèrent. Ses travaux sont principalement consacrés aux univers caribéens et aux sociétés à fondement esclavagiste des Amériques où la violence est fondatrice des rapports sociaux. Elle a successivement étudié la trajectoire des anciens esclaves à la Martinique ; les réseaux religieux pentecôtistes des migrants jamaïcains au Royaume-Uni ; la mémoire de l’esclavage dans les anciens ports négriers européens et les registres mémoriels relatifs à l’esclavage dans la Caraïbe incluant l’analyse des dispositifs muséographiques et du langage patrimonial. Durant les dix dernières années, elle a conduit une large recherche sur le souvenir de l’esclavage à travers les témoignages des descendants d’une insurrection anticoloniale à la Martinique au 19ème siècle (Insurrection du Sud, 1870). Mobilisant les notions de mémoire incorporée, de souvenirs verbalisés, de mise en récit, de traces matérielles, elle a notamment développé cette recherche sur la base d’une comparaison avec la Jamaïque et les protagonistes de la Révolte de Morant-Bay (1865). Elle étudie actuellement les liens entre « pouvoir » et « usages de l’art » à la Martinique en rapport avec les héritages de la société de plantation. Ses travaux comportent aussi un important volet consacré au concept de diaspora et aux différentes acceptions qu’il prend dans le monde noir des Amériques. Sa démarche s’efforce en outre de relier constamment la production des savoirs à une exigence réflexive. Dans un domaine plus épistémologique, elle s’intéresse à la variabilité du sens des concepts, aux variantes du postmodernisme, aux cultural studies, aux études postcoloniales/décoloniales et au material turn dans une perspective comparative entre les espaces académiques français et anglo-américains.

Elle est cofondatrice (avec les Professeurs Barry Chevannes, Jessica Byron, Justin Daniel et Robert Lafore) du programme d’enseignement et de recherche « France Caraïbe » associant l’Université Antilles-Guyane (UA-Martinique), The University of the West Indies (UWI, Jamaïque) et Sciences Po Bordeaux (France métropolitaine). Elle a été chargée de cours à Sciences Po Bordeaux jusqu’en 2017, où elle a enseigné l’histoire et l’anthropologie de la Caraïbe et dirigé des thèses de sciences politiques. Elle enseigne aujourd’hui au Département d’anthropologie de l’Université de Bordeaux.où elle dirige des thèses en anthropologie.

Elle est fondatrice et responsable du groupe « Mondes Caraïbes et transatlantiques en mouvement » (MCTM) à la Fondation Maison des Sciences de l’Homme de Paris (FMSH) en partenariat avec l’UMR « Passages » (http://www.fmsh.fr/fr/recherche/24268). Elle est élue « Visiting Fellow » du Kellogg College (University of Oxford) depuis décembre 2013.

Presentation

Christine Chivallon is both an anthropologist and a geographer affiliated to the “Passages” Research Center, Université de Bordeaux (France). She was appointed at the CNRS (National Center of Scientific Research) in 1993. In 2000, she was awarded the Bronze Medal from the CNRS for her body of scientific work. She was elected as Director of Research in 2007 by the “Space and Society” academic committee of the CNRS. She was promoted to First Class Director by this same committee in October 2014. She received her “Habilitation à Diriger des Recherches” in Anthropology in 2012 from the École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris. In 2007, along with the late Prof Barry Chevannes, University of the West Indies (Jamaica), Prof Robert Lafore, Sciences Po Bordeaux (France métropolitaine), and Prof Justin Daniel, Université des Antilles (Martinique), she founded the FIFCA (“Filière Internationale France Caraïbe”), a Joint Research and Teaching Programme. The “FIFCA” includes a teaching curriculum for co-diploma BSc/MSc in International Politics and Cooperation and gives access to doctoral studies. Coming from the University of the West Indies, the University of Antilles and Sciences Po Bordeaux, the students are studying together through annual mobility between each university in France and the Caribbean. In 2014, she founded the Group of Research « Caribbean and Transatlantic Worlds on the Move » (Mondes Caraïbes et Transatlantiques en mouvement) at the Fondation Maison des Sciences de l’Homme (FMSH) in Paris. She is responsible of this group until today (http://www.fmsh.fr/fr/recherche/24268). Since 2014, she has been elected “Visiting Fellow” at Kellogg College, University of Oxford.

Her studies focused on materiality, space and identity, mainly in the Caribbean societies and through Caribbean presence in Europe. She has studied memories of slavery and cultural trauma through different expressions found in testimonies of descendants of slaves in Jamaica and Martinique; incorporated and verbalized memories; material traces;  material museographical discourses (both in old slaving ports in France and UK and in the Caribbean) etc. Her last work on this field consists in a comparison between two anti-colonial revolts (Morant Bay Rebellion, Jamaica, 1865 ; Insurrection du Sud, Martinique, 1870) based on encounters with great-great grandsons of the insurgents. She is currently involved in a research on “contemporary art and power” in Martinique. A large part of this work is also dedicated to theoritical and epistemological reflexion with analysis of « the life of the concepts and paradigms » (« diaspora », « imagined community », « creolization », « Black Atlantic », « incorporated memory », « human/non-human » …) linked to successive turns (poststructuralist, postmodern, postcolonial, material, decolonial…). Her aim is to link a reflexive stance to an empirical research animated by a critical perspective.

Ouvrages d’auteur

2022, L’humain-l’inhumain : l’impensé des nouveaux matérialismes, (Matérialité, ontologie, plantationocène), Préface d’Elsa Dorlin, Éditions Atlantiques déchaînés, Selles-sur-Cher.

1998, Espace et identité à la Martinique. Paysannerie des mornes et reconquête collective (1840-1960), Paris, CNRS-Éditions, 298p.

2004, La diaspora noire des Amériques. Expériences et théories à partir de la Caraïbe, Paris, CNRS-Éditions, 258p.

2011, The Black Diaspora of the Americas. Experiences and Theories out of the Ca²²ribbean, Kingston, Ian Randle Publishers, 231p. (traduction revue et modifiée de l’ouvrage précédent).

2012, L’esclavage. Du souvenir à la mémoire, Paris, Karthala, 618 p.

Directions d’ouvrages

1999, Discours scientifiques et contextes culturels : géographies britanniques et françaises à l’épreuve postmoderne, édité par C. Chivallon, P. Ragouet, M. Samers, Talence, Éditions de la Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine.

2006, Les diasporas dans le monde contemporain, édité par W. Berthomières et C. Chivallon, Paris, Editions Karthala, en coédition avec la Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, Pessac.

Articles et chapitres d’ouvrages (sélection) : voir ci-dessous le lien de la liste complète et celui des articles en ligne

2002, « Beyond Gilroy’s Black Atlantic : the Experience of the African Diaspora », Diaspora. A Journal of Transnational Studies, 11(3), pp. 359-382.

2006, « Rendre visible l’esclavage. Muséographie et hiatus de la mémoire aux Antilles françaises », L’Homme, 180, pp. 7-42.

2007, « Retour sur la « communauté imaginée » d’Anderson. Essai de clarification théorique d’une notion restée floue », Raisons Politiques, 27, pp. 131-172.

2017, « Colonial violence and civilising utopias in the French and British empires: the Morant Bay Rebellion (1865) and the Insurrection of the South (1870) », (Chivallon, C. & Howard D.), Slavery & Abolition, 38 (3), pp. 534-558.

2018, « Decoding the diaspora of Stuart Hall, Historicity, performativity and performance of a concept”, African and Black Diaspora: An International Journal, 11(3), pp. 279-292

2018, « Mémoires du corps animalisé en contexte colonial : le faux débat de la modernité, de l’humain et du non-humain », in : Aje L., Gachon N. (Eds), La mémoire de l’esclavage. Traces mémorielles de l'esclavage et des traites dans l'espace atlantique, Paris, L’Harmattan, pp. 17-48.

2019, « Aux origines du ‘colour blindness’ républicain et du ‘racial thinking’ multiculturel.  Approche comparée des Empires coloniaux français et britanniques et de deux révoltes anticoloniales en Jamaïque (Morant Bay, 1865) et en Martinique (Insurrection du Sud, 1870) », (Chivallon, C. & Howard D.), Outre-Mers. Revue d’histoire, t. 107, n° 402-403, pp. 151-178.

2020, « Décoder la diaspora de Stuart Hall. Historicité, performativité et performance d’un concept », Diasporas. Circulations, migrations, histoire, n° 34, pp. 111-128

2020, « La Guyane, la carte et le texte : l’abyssalité critique », in : Noucher M. et Polidori L. (éd.), Atlas critique de la Guyane, CNRS-Éditions, pp. 320-322.

2021, « Plantationocène. La culture de plantation matrice de l’anthropocène (entretien avec Bérénice Gagne) », A°2021, École urbaine de Lyon, pp. B17-B-23, (avec les photographies des œuvres de l’artiste plasticien Jean-François Boclé).

2021, « Le plantationocène » (entretien avec Bérénice Gagne), in : Lussault M., Demoulle J. P. Néolithique Anthropocène. Dialogue autour des douze mille dernières années, Éditions deux-cent-cinq, collection “À partir de l’Anthropocène”, pp. 73-83

2021, « Le ‘vrai-faux’ tournant matériel. Comment penser l’humain et le non-humain après le cultural turn ? » in : Hancock C., Géographies anglophones, Nouveaux défis, Presses de Paris Nanterre.

2022, « Le Palais de la Porte Dorée. D’une trilogie improbable à l’ombre de la Nation française », in : Baur Ruedy et alii (éd.), Inscriptions en relation : des traces coloniales aux expressions plurielles, Civic City, Lars Müller Publishers, pp. 51-58.

Les publications en ligne

Liste  complète des publications (pdf)

CV scientifique (pdf)